Le Bondolino – le porte-bébé hybride de Hoppediz

Dans la palette toujours plus large des moyens de portage physiologiques, il y a les nouveautés (comme la Petite écharpe sans noeud dont on vous parlait ici), les objets de convoitise (les écharpes tissées main!), les valeurs sûres bien sûr (par exemple l’écharpe en sergé brisé) … et il y a les méconnus.

Le porte-bébé dont il est question aujourd’hui, le Bondolino appartient à cette dernière catégorie – en tout cas dans les pays francophones, où il fait assez rarement partie de la portebébéthèque des monitrices. Dans son pays d’origine en revanche, en Allemagne, il est plébiscité par une foule de parents porteurs (et d’enfants portés !) depuis des années déjà. C’est que le Bondolino ne manque pas d’atouts !

Ingo et Annette Schröder, qui dirigent la firme de porte-bébés et objets de puériculture Hoppediz, ont créé le Bondolino en 2007 pour proposer une alternative simple et confortable à l’écharpe de portage.

À La tête dans les nouages, il a été testé avec Maëlle, 3 mois, et Aimé, 12 mois.

Bretelles et ceinture

Le Bondolino appartient à la catégorie des « mei tai », ces porte-bébés à quatre lanières d’inspiration asiatique, mais il emprunte plusieurs éléments au porte-bébé « préformé », rembourré et à boucle, qui est en réalité une réinterprétation occidentale, modernisée du mei tai traditionnel.
Comme sur un mei tai, le Bondolino possède deux longues bretelles qui passent sur les épaules du porteur. Larges et moelleuses au début, grâce à leur épais rembourrage, elles deviennent ensuite étroites et plates pour garantir au porteur une grande liberté de mouvement et éviter de l’encombrer de tissu.

Les deux lanières inférieures en revanche sont remplacées par une large ceinture ventrale, renforcée et surpiquée et qui se ferme tout simplement par une attache velcro. La fameuse fermeture en velcro du Bondolino … Beaucoup de porteurs préfèrent l’apparente sécurité d’une boucle en plastique comme système de fermeture à un velcro qui soi-disant risquerait à chaque instant de se dé-scratcher. Et pourtant, l’essayer, c’est l’adopter. La bande en velcro, judicieusement cousue de manière à ce que la face « crochet » ne soit pas en contact avec les jambes de bébé, est longue et large et donc particulièrement solide. Il suffit d’être précautionneux lorsque vous lavez votre porte-bébé en machine, puis bien sûr au moment de porter votre enfant, en superposant correctement les deux parties de l’attache, et vous profiterez pleinement de cette ceinture hyper-confortable, sans élément en plastique dur qui rentre comme un clou dans votre abdomen.

Les seuls inconvénients que nous avons pu trouver à ce système sont, tout d’abord, que lorsqu’on l’ouvre, il est un peu plus bruyant que le clips d’une boucle. Si votre bébé est vite dérangé par le bruit, il faudra donc peut-être garder le porte-bébé vide sur vous. D’autre part, la ceinture à velcro est plus difficilement ajustable une fois installée qu’une boucle dont on peut serrer et desserrer la sangle.
Le Bondolino se décline en plusieurs versions pour s’adapter à toutes les carrures de porteurs : la version « slim-fit », aux bretelles plus étroites et à la ceinture ventrale plus courte, conviendra aux personnes menues. Pour une personne de corpulence large, une extension spéciale, également en velcro, permet d’élargir la ceinture ventrale de la version standard.
Les bretelles et la ceinture du Bondolino, si distinctives, assurent au porteur un très grand confort, permettant ainsi de porter longtemps (ex. une longue randonnée, rentrer d’une virée de shopping en portant plusieurs sacs) sans exercer de pression douloureuse sur les épaules ou  sur le ventre. Et le bébé ? L’avantage du système « mei tai », avec ses bretelles à nouer, est que l’on peut très facilement envelopper bébé dans le porte-bébé en plaçant ses fesses bien au fond du dossier et en ajustant la tension des bretelles à sa posture et à sa tonicité.

Le dossier

 Le dossier du Bondolino est rembourré sur les côtés, des coins inférieurs aux coins supérieurs, ce qui confère au dossier une certaine tenue, sans pour autant être dur et plaquer le dos de bébé contre le porteur. En effet, des coutures supplémentaires accentuent l’ergonomie de la poche, en la creusant pour faciliter une installation en assise profonde. Quant à la partie centrale du dossier, celle effectivement en contact avec la colonne vertébrale de l’enfant, elle est juste en tissu, sans point de pression étranger. La courbure naturelle du dos de bébé est donc respectée.

En mei tai, les côtés du dossier ont tendance à bailler lorsque le dos de l’enfant est correctement enroulé. Il me semble que le molletonnage du Bondolino atténue cet effet qui peut compromettre le bon maintien d’un nouveau-né. Mais surtout, il crée une zone d’appui douillette pour les cuisses de bébé : pas de cisaillement, pas de marques rouges sur la peau !
La hauteur du dossier n’est pas réglable : un bébé de petit gabarit risque de se retrouver enfoui dans le porte-bébé, et les bretelles remontant sur les épaules du porteur gêneront son visage. Pour dégager sa vue, mais surtout ses voies respiratoires et pour lui offrir un meilleur maintien dans le dossier, vous pouvez tester une variante du portage ventral, l’installation « enveloppée-croisée ».

L’assise est large (24 cm), certainement trop large pour un nouveau-né qui n’écarte pas encore ses cuisses. Si le Bondolino est recommandé par le fabricant dès la naissance, je préfère cependant ne pas conseiller d’emblée l’installation classique, pieds en dehors du dossier, à tous les nouveaux-nés. Il faudra tester, tâtonner pour trouver une solution adaptée à la physiologie individuelle de l’enfant (par exemple, garder les jambes repliées à l’intérieur de la poche) … ou choisir un autre moyen de portage qui ne force pas l’abduction des cuisses.
La largeur de l’assise peut être légèrement adaptée moyennant deux ailettes que l’on boutonne de part et d’autre du bord inférieur de dossier. Elles permettent de gagner 9 cm (33 cm).


Certes, ce n’est pas un réglage aussi fin que sur les mei tai évolutifs qui ont le vent en poupe pour le moment. Quand cela ne suffit plus, on peut soutenir les jambes de l’enfant en repassant les bretelles dans les creux des genoux.

La matière

Les habitués de l’écharpe tissée apprécieront de retrouver le toucher caractéristique du tissage « sergé brisé », particulièrement indiqué pour le portage grâce à son élasticité en diagonale, sa solidité et le soutien qu’il offre. Le Bondolino est entièrement réalisé en coton sergé brisé (excepté l’appui-tête). Et tout comme les écharpes de la même marque, il existe en deux versions (même trois, si on compte les modèles en coton bio): la version standard et la version « légère », fabriquée à base d’un fil plus fin. Récemment, la gamme a été complétée par une série en popeline de coton, une étoffe très lisse, légère et qui donne une touche plus habillée, moins « rustique » au porte-bébé.

Les accessoires

Vous trouverez attachée à une bretelle du Bondolino une espèce de lacet, du même tissu que le porte-bébé : il remplit la fonction de la sangle transversale que vous connaissez si vous utilisez un « préformé ». Le lacet, que l’on enfile entre une ou plusieurs paires d’oeillets, permet de reserrer les bretelles entre elles et d’éviter qu’elles n’appuient sur vos aisselles quand vous portez bébé sur le dos et que les bretelles sont nouées à la manière d’un sac-à-dos.

Autre accessoire : un croisillon en plastique légèrement flexible. En portage ventral, cet élément peut servir d’aide pour les personnes moins souples de leur bras ou qui ont difficile à effectuer l’inversement gauche-droite des bretelles dans leur dos. On enfile au préalable les bretelles dans les fentes du croisillon, puis, au moment d’installer l’enfant dans le porte-bébé, il suffit de passer les bretelles déjà croisées par-dessus sa tête – et le tour est joué ! Cependant, l’usage du croisillon déplace le point de pression vers le bas du dos, ce qui peut être ressenti comme étrange voire désagréable.

En haut du dossier, une têtière en tissu permet de soutenir la tête de bébé quand il dort et d’éviter qu’elle ne ballote. Ses dimensions sont généreuses, permettant de réelement couvrir le crâne de l’enfant … ou bien de s’en servir plus tard comme prolongement du dossier pour porter un bambin. En portage ventral, le cale-tête se fixe aux bretelles avec des velcros. En portage dorsal, le système est particulièrement ingénieux : on serre le cale-tête moyennant des cordons qui coulissent à travers des passants jusqu’aux épaules du porteur. Inutile de tendre les bras vers l’arrière : placez les mains simplement près de votre nuque pour dégager la têtière, puis tirez sur le cordon, et la têtière remontera. 😉

L’installation

En deux mots : elle est facile et rapide ! Le manuel d’instructions contient des pas-à-pas détaillés pour porter votre enfant sur le ventre ou sur le dos, mais sachez qu’il existe de nombreuses variantes, notamment pour porter sur le côté.
Comme pour tous les mei tai et porte-bébés préformés, veillez à faire descendre la base (cuisses et fesses) de votre bébé jusqu’au fond de la poche. Ainsi vous profiterez non seulement de toute la hauteur du dossier, mais ce n’est que lorsque votre enfant sera installé en assise profonde qu’il pourra basculer son bassin vers vous et remonter ses genoux légèrement plus haut que ses fesses dans la position dite « physiologique ».

Conclusion

Si son aspect « épais », « encombrant » en comparaison à une écharpe ou à d’autres mei tai ne semble pas attirer les parents, le Bondolino de Hoppediz a pourtant beaucoup pour plaire : confortable et pratique, il vous conviendra probablement si vous cherchez une solution qui ne nécessite pas de long apprentissage technique ou si vous avez rapidement mal au dos. Par ailleurs, le croisillon et le système trouvé pour remonter le cale-tête démontrent le souci du fabricant de rendre son produit accessible à un maximum de parents, en limitant l’amplitude du geste nécessaire. En cela, le Bondolino peut être une solution de portage intéressante si vous manquez de souplesse.

 Le porte-bébé est fourni avec un sac de rangement assorti, que l’on peut porter sur son dos ou son épaule. Vendu à partir de 99 euro, le Bondolino a également un très bon rapport qualité/prix.


Toutes les photos: Anne Piccin